Quels sont les changements dans l'alimentation des mères après la naissance d'un enfant : résultats de la cohorte NutriNet-Santé
Publié le 14/11/2024
Joséphine Brunin, Julia Baudry, Benjamin Allès, Manel Ghozal, Mathilde Touvier, Serge Hercberg, Denis Lairon, Blandine de Lauzon Guillain, Emmanuelle Kesse-Guyot
Brunin J, Baudry J, Allès B, et al. What are the changes in mothers' diets after the birth of a child: results from the NutriNet-Santé cohort. Br J Nutr. Published online October 18, 2024. doi:10.1017/S000711452400117X
La naissance d’un enfant est un bouleversement dans la vie des parents et notamment de la femme et peut, de ce fait, entraîner des changements dans son comportement alimentaire Comme dans la population générale, les facteurs sociodémographiques peuvent également influencer le régime alimentaire des mères.
L’objectif de cette étude était donc d’identifier et de caractériser les changements alimentaires globaux sur une période de 4 ans chez les nullipares femmes (sans enfant), les primipares (femme ayant un 1er enfant au cours de la période), les femmes ayant eu des enfants avant 2014, et les femmes ayant eu des enfants avant 2014 et un nouvel enfant durant la période.
Méthodes : Les associations concernant les modifications de l’alimentation dans ces quatre groupes de femmes ont été ajustés sur l’âge, le niveau de diplôme, le statut professionnel, le revenu mensuel par unité de consommation, la région géographique, l’activité physique, l’indice de masse corporelle, le statut marital, le statut tabagique, la consommation alimentaire de 2014 pour le groupe considéré et la différence absolue de l’apport énergétique total (kcal/j).
Résultats : Dans tous les groupes étudiés, les changements alimentaires ont eu tendance à être globalement plus favorables à la santé, mais à des degrés divers. Les femmes « nullipares » avaient le régime le plus durable en 2014 (considérant les aspects nutritionnels, la consommation biologique et l'alimentation d’origine végétale) et elles étaient également celles qui ont le plus évolué vers plus de durabilité entre 2014 et 2018 (augmentation de la consommation biologique par rapport aux « enfant avant 2014 » et des scores de végétalisation de l’alimentation par rapport aux femmes « primipares ». Les femmes « primipares » ont significativement augmenté leur apport énergétique et leur consommation de produits laitiers et elles ont significativement diminué leur consommation d'alcool, de café et thé. Les autres femmes ont diminué leur consommation de produits laitiers et augmenté leur consommation d'alcool, de café et thé. Les femmes « primipares » étaient les plus jeunes et présentaient la plus grande proportion de femmes diplômées (également les femmes « non primipares ») et les revenus les plus élevés. La plus grande proportion de femmes peu actives physiquement et de femmes en couple se trouvait chez les femmes « non primipares ». Les femmes ayant eu un ou des enfants avant 2014 étaient les plus âgées et présentaient la moyenne la plus élevée de biais de désirabilité sociale. Elles avaient aussi la proportion la plus importante de femmes avec un diplôme inférieur au baccalauréat, d’anciennes fumeuses et vivant dans des zones rurales. La plus grande proportion de femmes n'ayant jamais eu d’emploi (les étudiantes étant incluses dans cette catégorie), ayant une activité physique élevée, fumeuses, non-fumeuses (moins d’anciennes fumeuses), vivant dans les grandes villes et célibataires se trouvait dans le groupe des « nullipares ». Les femmes « non primipares » ont augmenté leur consommation de légumes alors que les femmes « primipares » l’ont diminuée, et ont augmenté leur consommation de noix, d’oléagineux et de légumineuses plus que les femmes « primipares » et « non primipares ». Elles ont diminué leur consommation de céréales raffinées plus que les femmes « primipares » et « non primipares ». Avec le même modèle, les femmes « primipares » ont diminué leur consommation de café, de thé et d’alcool par rapport aux autres groupes de femmes qui ont augmenté leur consommation. Elles ont augmenté leur consommation de produits laitiers plus que les femmes « nullipares » et « enfant avant 2014 ».
Globalement, tous les groupes de femmes étudiés ont augmenté leur consommation d’aliments biologiques au fil du temps, mais les femmes « nullipares » ont davantage augmenté leur consommation totale d’aliments biologiques que les femmes ayant eu un ou des enfants avant 2014. Entre 2014 et 2018, les femmes « primipares » ont significativement augmenté leur consommation d’aliments biologiques totaux et d’aliments biologiques d’origine animale favorables à la santé, tandis que les femmes « non primipares » n’ont pas modifié significativement leur consommation. Les femmes qui ont mentionné la naissance de leur enfant comme motivation à la consommation de bio ont présenté une plus forte augmentation de la consommation de produits biologiques par rapport aux femmes qui n’ont pas mentionné la naissance de leur enfant comme motivation pour consommer des aliments biologiques.
Conclusion : Dans l’ensemble, tous les groupes de femmes étudiés dans le cadre de cette étude ont modifié leur régime alimentaire pour adopter des comportements plus sains et plus durables. Les comportements alimentaires des femmes ayant eu un enfant ont été modifiés, mais pas toujours en faveur de comportements plus sains, malgré la réduction de la consommation d’alcool et de caféine. Ces changements varient également en fonction du statut social des femmes. Ainsi, bien qu’il puisse avoir des effets à long terme au niveau individuel et familial, le comportement alimentaire des femmes est modifié pendant la grossesse, il est donc important d’utiliser cette fenêtre stratégique pour soutenir les femmes sur l’alimentation durable pour elles-mêmes et les générations futures. Au cours du suivi médical de la grossesse, la sensibilisation des professionnels à la nutrition pourrait contribuer à améliorer les connaissances nutritionnelles des futurs changements alimentaires de la mère et, en particulier, à promouvoir des aliments favorables à la santé d’origine végétale, même pendant la grossesse.
Brunin J, Baudry J, Allès B, et al. What are the changes in mothers' diets after the birth of a child: results from the NutriNet-Santé cohort. Br J Nutr. Published online October 18, 2024. doi:10.1017/S000711452400117X
La naissance d’un enfant est un bouleversement dans la vie des parents et notamment de la femme et peut, de ce fait, entraîner des changements dans son comportement alimentaire Comme dans la population générale, les facteurs sociodémographiques peuvent également influencer le régime alimentaire des mères.
L’objectif de cette étude était donc d’identifier et de caractériser les changements alimentaires globaux sur une période de 4 ans chez les nullipares femmes (sans enfant), les primipares (femme ayant un 1er enfant au cours de la période), les femmes ayant eu des enfants avant 2014, et les femmes ayant eu des enfants avant 2014 et un nouvel enfant durant la période.
Méthodes : Les associations concernant les modifications de l’alimentation dans ces quatre groupes de femmes ont été ajustés sur l’âge, le niveau de diplôme, le statut professionnel, le revenu mensuel par unité de consommation, la région géographique, l’activité physique, l’indice de masse corporelle, le statut marital, le statut tabagique, la consommation alimentaire de 2014 pour le groupe considéré et la différence absolue de l’apport énergétique total (kcal/j).
Résultats : Dans tous les groupes étudiés, les changements alimentaires ont eu tendance à être globalement plus favorables à la santé, mais à des degrés divers. Les femmes « nullipares » avaient le régime le plus durable en 2014 (considérant les aspects nutritionnels, la consommation biologique et l'alimentation d’origine végétale) et elles étaient également celles qui ont le plus évolué vers plus de durabilité entre 2014 et 2018 (augmentation de la consommation biologique par rapport aux « enfant avant 2014 » et des scores de végétalisation de l’alimentation par rapport aux femmes « primipares ». Les femmes « primipares » ont significativement augmenté leur apport énergétique et leur consommation de produits laitiers et elles ont significativement diminué leur consommation d'alcool, de café et thé. Les autres femmes ont diminué leur consommation de produits laitiers et augmenté leur consommation d'alcool, de café et thé. Les femmes « primipares » étaient les plus jeunes et présentaient la plus grande proportion de femmes diplômées (également les femmes « non primipares ») et les revenus les plus élevés. La plus grande proportion de femmes peu actives physiquement et de femmes en couple se trouvait chez les femmes « non primipares ». Les femmes ayant eu un ou des enfants avant 2014 étaient les plus âgées et présentaient la moyenne la plus élevée de biais de désirabilité sociale. Elles avaient aussi la proportion la plus importante de femmes avec un diplôme inférieur au baccalauréat, d’anciennes fumeuses et vivant dans des zones rurales. La plus grande proportion de femmes n'ayant jamais eu d’emploi (les étudiantes étant incluses dans cette catégorie), ayant une activité physique élevée, fumeuses, non-fumeuses (moins d’anciennes fumeuses), vivant dans les grandes villes et célibataires se trouvait dans le groupe des « nullipares ». Les femmes « non primipares » ont augmenté leur consommation de légumes alors que les femmes « primipares » l’ont diminuée, et ont augmenté leur consommation de noix, d’oléagineux et de légumineuses plus que les femmes « primipares » et « non primipares ». Elles ont diminué leur consommation de céréales raffinées plus que les femmes « primipares » et « non primipares ». Avec le même modèle, les femmes « primipares » ont diminué leur consommation de café, de thé et d’alcool par rapport aux autres groupes de femmes qui ont augmenté leur consommation. Elles ont augmenté leur consommation de produits laitiers plus que les femmes « nullipares » et « enfant avant 2014 ».
Globalement, tous les groupes de femmes étudiés ont augmenté leur consommation d’aliments biologiques au fil du temps, mais les femmes « nullipares » ont davantage augmenté leur consommation totale d’aliments biologiques que les femmes ayant eu un ou des enfants avant 2014. Entre 2014 et 2018, les femmes « primipares » ont significativement augmenté leur consommation d’aliments biologiques totaux et d’aliments biologiques d’origine animale favorables à la santé, tandis que les femmes « non primipares » n’ont pas modifié significativement leur consommation. Les femmes qui ont mentionné la naissance de leur enfant comme motivation à la consommation de bio ont présenté une plus forte augmentation de la consommation de produits biologiques par rapport aux femmes qui n’ont pas mentionné la naissance de leur enfant comme motivation pour consommer des aliments biologiques.
Conclusion : Dans l’ensemble, tous les groupes de femmes étudiés dans le cadre de cette étude ont modifié leur régime alimentaire pour adopter des comportements plus sains et plus durables. Les comportements alimentaires des femmes ayant eu un enfant ont été modifiés, mais pas toujours en faveur de comportements plus sains, malgré la réduction de la consommation d’alcool et de caféine. Ces changements varient également en fonction du statut social des femmes. Ainsi, bien qu’il puisse avoir des effets à long terme au niveau individuel et familial, le comportement alimentaire des femmes est modifié pendant la grossesse, il est donc important d’utiliser cette fenêtre stratégique pour soutenir les femmes sur l’alimentation durable pour elles-mêmes et les générations futures. Au cours du suivi médical de la grossesse, la sensibilisation des professionnels à la nutrition pourrait contribuer à améliorer les connaissances nutritionnelles des futurs changements alimentaires de la mère et, en particulier, à promouvoir des aliments favorables à la santé d’origine végétale, même pendant la grossesse.