Publications
Valeurs de référence de la force musculaire chez les adultes français : Résultats de l’étude NutriNet-Santé
Publié le 13/10/2025
Abdouramane Soumare, Jean-Michel Oppert, Laurent Bourhis, Alice Bellicha, Pilar Galan, Serge Hercberg, Mathilde Touvier, Léopold K Fezeu, Jérémy Vanhelst
Soumaré A, Oppert JM, Bourhis L, Bellicha A, Galan P, Hercberg S, Touvier M, Fezeu LK, Vanhelst J. Handgrip strength reference values and determinants of muscle weakness in French adults: results from the NutriNet-Santé study. J Sports Med Phys Fitness. 2025 Oct 3. doi: 10.23736/S0022-4707.25.16833-3. Epub ahead of print. PMID: 41042151.
Introduction
La force musculaire est reconnue comme un déterminant important de l’état nutritionnel et de la santé. Plusieurs études ont démontré qu’une faible force musculaire des membres supérieurs (force de préhension) est associée à un risque accru de différentes maladies chroniques et de mortalité toutes causes. Des valeurs de référence de la force de préhension chez l’adulte ont été établies dans de nombreux pays. Elles sont régulièrement utilisées pour la surveillance de la condition physique et de la santé des populations. A ce jour, il n’existe pas de valeurs de référence de la force de préhension chez l’adulte en France. L’objectif principal de cette étude était de déterminer les percentiles de la force musculaire par sexe et catégorie d’âge chez l’adulte. L’objectif secondaire consistait à évaluer l’association entre la force de préhension et les variables sociodémographiques et anthropométriques.
Méthodes
Un échantillon de 18 532 adultes de la cohorte NutriNet-Santé (5 262 hommes, 13 090 femmes) agés de 18 à 91 ans ont été inclus dans cette étude. La force de préhension des participants a été évaluée par le test du handgrip à l’aide d’un dynamomètre hydraulique JamarTM. Les participants étaient en position assise, le coude fléchi à 90 degrés, et ont serré progressivement et continuellement aussi fort que possible pendant 2 à 3 secondes. Le test a été effectué à 3 reprises en alternant le bras dominant et le bras non dominant. Pour chaque bras, la valeur maximale exprimée en kg, a été retenue. L’échantillon a été redressé suivant les données de l’INSEE pour le calcul des percentiles. Un modèle de régression logistique multivarié ajusté sur l’activité physique, le tabac, le niveau d’éducation, l’âge et les revenus a été utilisé pour évaluer l’association entre les variables sociodémographiques et anthropométriques et une faible force de préhension (< 20ème percentile).
Résultats
Les percentiles de la force de préhension (P5, P10, P20, P30, P40, P50, P60, P70, P80, P90, et P95) ont été fournis en valeurs absolues (kg) et relatives (par rapport à la masse corporelle et à l’indice de masse corporelle), par catégorie d’age et sexe pour le bras dominant et non dominant. Pour les deux sexes, une association significative a été rétrouvée entre une faible force de préhension et la maigreur (IMC<18.5 kg/m²) (hommes: OR 2,14 [1,16-3,96]; femmes: OR 1,61 [1,33-1,95]), un niveau faible d’activité physique (femmes: OR 0,73 [0,65-0,82] pour le niveau elevé; hommes: OR 0,74 [0,61-0,89] pour le niveau élevé) et le fait d’être un ancien ou fumeur actuel uniquement chez les hommes (OR 1,20 [1,03-1,40] et OR 1,35 [1,06-1,73], respectivement chez les ex ou fumeurs actuel). Chez les femmes, une association a été retrouvée avec d’autres facteurs tels qu’un faible niveau d’éducation (niveau BAC+3: OR 0.84 [0,75-0,94]; niveau BAC+5: OR 0,78 [0,68-0,88]) et l’âge (45-49 ans (OR 1,27 [1,05-1,53]); 55-59 ans (OR 1,32 [1,10-1,58])).
Conclusions
Les données collectées dans l’étude NutriNet-Santé ont permis d’établir les premières valeurs de référence de la force de préhension chez les adultes en France. La connaissance de ces valeurs et des facteurs associés permettra de cibler les populations cibles des programmes et interventions, incluant la promotion de l’activité physique favorable à la santé.
Mots clés : Force musculaire. Dynamomètre. Valeurs de référence.
Soumaré A, Oppert JM, Bourhis L, Bellicha A, Galan P, Hercberg S, Touvier M, Fezeu LK, Vanhelst J. Handgrip strength reference values and determinants of muscle weakness in French adults: results from the NutriNet-Santé study. J Sports Med Phys Fitness. 2025 Oct 3. doi: 10.23736/S0022-4707.25.16833-3. Epub ahead of print. PMID: 41042151.
Introduction
La force musculaire est reconnue comme un déterminant important de l’état nutritionnel et de la santé. Plusieurs études ont démontré qu’une faible force musculaire des membres supérieurs (force de préhension) est associée à un risque accru de différentes maladies chroniques et de mortalité toutes causes. Des valeurs de référence de la force de préhension chez l’adulte ont été établies dans de nombreux pays. Elles sont régulièrement utilisées pour la surveillance de la condition physique et de la santé des populations. A ce jour, il n’existe pas de valeurs de référence de la force de préhension chez l’adulte en France. L’objectif principal de cette étude était de déterminer les percentiles de la force musculaire par sexe et catégorie d’âge chez l’adulte. L’objectif secondaire consistait à évaluer l’association entre la force de préhension et les variables sociodémographiques et anthropométriques.
Méthodes
Un échantillon de 18 532 adultes de la cohorte NutriNet-Santé (5 262 hommes, 13 090 femmes) agés de 18 à 91 ans ont été inclus dans cette étude. La force de préhension des participants a été évaluée par le test du handgrip à l’aide d’un dynamomètre hydraulique JamarTM. Les participants étaient en position assise, le coude fléchi à 90 degrés, et ont serré progressivement et continuellement aussi fort que possible pendant 2 à 3 secondes. Le test a été effectué à 3 reprises en alternant le bras dominant et le bras non dominant. Pour chaque bras, la valeur maximale exprimée en kg, a été retenue. L’échantillon a été redressé suivant les données de l’INSEE pour le calcul des percentiles. Un modèle de régression logistique multivarié ajusté sur l’activité physique, le tabac, le niveau d’éducation, l’âge et les revenus a été utilisé pour évaluer l’association entre les variables sociodémographiques et anthropométriques et une faible force de préhension (< 20ème percentile).
Résultats
Les percentiles de la force de préhension (P5, P10, P20, P30, P40, P50, P60, P70, P80, P90, et P95) ont été fournis en valeurs absolues (kg) et relatives (par rapport à la masse corporelle et à l’indice de masse corporelle), par catégorie d’age et sexe pour le bras dominant et non dominant. Pour les deux sexes, une association significative a été rétrouvée entre une faible force de préhension et la maigreur (IMC<18.5 kg/m²) (hommes: OR 2,14 [1,16-3,96]; femmes: OR 1,61 [1,33-1,95]), un niveau faible d’activité physique (femmes: OR 0,73 [0,65-0,82] pour le niveau elevé; hommes: OR 0,74 [0,61-0,89] pour le niveau élevé) et le fait d’être un ancien ou fumeur actuel uniquement chez les hommes (OR 1,20 [1,03-1,40] et OR 1,35 [1,06-1,73], respectivement chez les ex ou fumeurs actuel). Chez les femmes, une association a été retrouvée avec d’autres facteurs tels qu’un faible niveau d’éducation (niveau BAC+3: OR 0.84 [0,75-0,94]; niveau BAC+5: OR 0,78 [0,68-0,88]) et l’âge (45-49 ans (OR 1,27 [1,05-1,53]); 55-59 ans (OR 1,32 [1,10-1,58])).
Conclusions
Les données collectées dans l’étude NutriNet-Santé ont permis d’établir les premières valeurs de référence de la force de préhension chez les adultes en France. La connaissance de ces valeurs et des facteurs associés permettra de cibler les populations cibles des programmes et interventions, incluant la promotion de l’activité physique favorable à la santé.
Mots clés : Force musculaire. Dynamomètre. Valeurs de référence.
Associations entre des réseaux de profils alimentaires dérivés d’algorithmes d’apprentissage automatique et le risque cardiovasculaire dans la cohorte NutriNet-Santé
Publié le 13/10/2025
Mélina Côté, Joy M Hutchinson, Mathilde Touvier, Bernard Srour, Laurent Bourhis, Benoît Lamarche, Léopold K Fezeu
Côté M, Hutchinson JM, Touvier M, Srour B, Bourhis L, Lamarche B, Fezeu LK. Associations between dietary pattern networks derived from machine learning algorithms and cardiovascular risk in the NutriNet-Santé cohort. J Nutr. 2025 Sep 22:S0022-3166(25)00558-9. doi: 10.1016/j.tjnut.2025.09.014. Epub ahead of print. PMID: 40992665.
Contexte :
Les avancées majeures dans les domaines de la science des données et de l’apprentissage automatique ont permis le développement de nouvelles méthodes, telles que les modèles graphiques gaussiens et l’algorithme de Louvain, pour identifier des profils alimentaires.
Objectif :
Identifier des réseaux de profils alimentaires à l’aide d’approches computationnelles innovantes, et examiner leurs associations avec le risque de maladies cardiovasculaires (MCV) dans un échantillon de la population française.
Méthodes :
L’étude a porté sur un échantillon de 99 362 participants âgés de 15 ans ou plus issus de la cohorte NutriNet-Santé. Les apports alimentaires ont été évalués à l’aide d’au moins deux rappels alimentaires de 24 heures, regroupés en 42 groupes d’aliments (en g/jour). Les événements cardiovasculaires ont été recueillis via des questionnaires de santé, puis validés à partir des dossiers médicaux. Les modèles graphiques gaussiens ont été utilisés conjointement à l’algorithme de Louvain pour identifier des réseaux de profils alimentaires. Les modèles graphiques gaussiens représentent les relations entre plusieurs variables (ici, les groupes d’aliments) à partir de matrices de corrélations conditionnelles. L’algorithme de Louvain permet d’extraire des communautés distinctes au sein de grands réseaux.
Les relations entre les réseaux alimentaires identifiés et l’incidence des MCV ont été évaluées par des modèles de Cox à risques proportionnels, ajustés sur les variables de confusion.
Résultats :
Cinq réseaux distincts de profils alimentaires ont été identifiés, reflétant la consommation :
1. d’aliments d’apéritif,
2. d’aliments du petit-déjeuner,
3. d’aliments d’origine végétale,
4. de produits ultra-transformés sucrés et snacks,
5. d’aliments sains.
Parmi ces réseaux, seul celui des produits ultra-transformés sucrés et snacks était associé à un risque accru de MCV, après ajustement pour l’énergie totale et les facteurs de confusion, incluant la qualité globale du régime alimentaire (HR Q5vsQ1 = 1,32 ; IC95 % : 1,11–1,57 ; p pour la tendance linéaire = 0,0002).
Conclusions :
Ces résultats suggèrent qu’un réseau alimentaire caractérisé par une consommation élevée de produits ultra-transformés sucrés et de snacks est associé à une incidence accrue de MCV dans un échantillon de la population française, indépendamment de la qualité globale de l’alimentation.
Cette approche innovante pour dériver empiriquement des réseaux alimentaires pourrait aider à identifier les groupes d’aliments souvent consommés ensemble au sein d’une population, et ainsi cibler les habitudes alimentaires à modifier pour la prévention des maladies cardiovasculaires.
Côté M, Hutchinson JM, Touvier M, Srour B, Bourhis L, Lamarche B, Fezeu LK. Associations between dietary pattern networks derived from machine learning algorithms and cardiovascular risk in the NutriNet-Santé cohort. J Nutr. 2025 Sep 22:S0022-3166(25)00558-9. doi: 10.1016/j.tjnut.2025.09.014. Epub ahead of print. PMID: 40992665.
Contexte :
Les avancées majeures dans les domaines de la science des données et de l’apprentissage automatique ont permis le développement de nouvelles méthodes, telles que les modèles graphiques gaussiens et l’algorithme de Louvain, pour identifier des profils alimentaires.
Objectif :
Identifier des réseaux de profils alimentaires à l’aide d’approches computationnelles innovantes, et examiner leurs associations avec le risque de maladies cardiovasculaires (MCV) dans un échantillon de la population française.
Méthodes :
L’étude a porté sur un échantillon de 99 362 participants âgés de 15 ans ou plus issus de la cohorte NutriNet-Santé. Les apports alimentaires ont été évalués à l’aide d’au moins deux rappels alimentaires de 24 heures, regroupés en 42 groupes d’aliments (en g/jour). Les événements cardiovasculaires ont été recueillis via des questionnaires de santé, puis validés à partir des dossiers médicaux. Les modèles graphiques gaussiens ont été utilisés conjointement à l’algorithme de Louvain pour identifier des réseaux de profils alimentaires. Les modèles graphiques gaussiens représentent les relations entre plusieurs variables (ici, les groupes d’aliments) à partir de matrices de corrélations conditionnelles. L’algorithme de Louvain permet d’extraire des communautés distinctes au sein de grands réseaux.
Les relations entre les réseaux alimentaires identifiés et l’incidence des MCV ont été évaluées par des modèles de Cox à risques proportionnels, ajustés sur les variables de confusion.
Résultats :
Cinq réseaux distincts de profils alimentaires ont été identifiés, reflétant la consommation :
1. d’aliments d’apéritif,
2. d’aliments du petit-déjeuner,
3. d’aliments d’origine végétale,
4. de produits ultra-transformés sucrés et snacks,
5. d’aliments sains.
Parmi ces réseaux, seul celui des produits ultra-transformés sucrés et snacks était associé à un risque accru de MCV, après ajustement pour l’énergie totale et les facteurs de confusion, incluant la qualité globale du régime alimentaire (HR Q5vsQ1 = 1,32 ; IC95 % : 1,11–1,57 ; p pour la tendance linéaire = 0,0002).
Conclusions :
Ces résultats suggèrent qu’un réseau alimentaire caractérisé par une consommation élevée de produits ultra-transformés sucrés et de snacks est associé à une incidence accrue de MCV dans un échantillon de la population française, indépendamment de la qualité globale de l’alimentation.
Cette approche innovante pour dériver empiriquement des réseaux alimentaires pourrait aider à identifier les groupes d’aliments souvent consommés ensemble au sein d’une population, et ainsi cibler les habitudes alimentaires à modifier pour la prévention des maladies cardiovasculaires.
Association prospective entre l’adhérence au régime EAT-Lancet et les variations de poids, l'incidence de surpoids d'obésité dans une cohorte française
Publié le 16/09/2025
Florine Berthy, Hafsa Toujgani, Pauline Duquenne, Léopold K Fezeu, Denis Lairon, Philippe Pointereau, Mathilde Touvier, Serge Hercberg, Pilar Galan, Benjamin Allès, Julia Baudry, Emmanuelle Kesse-Guyot
Berthy F, Toujgani H, Duquenne P, Fezeu LK, Lairon D, Pointereau P, Touvier M, Hercberg S, Galan P, Allès B, Baudry J, Kesse-Guyot E. Prospective association of the EAT-Lancet reference diet with body weight changes and incidence of overweight and obesity in a French cohort. Am J Clin Nutr. 2025 Aug;122(2):450-459. doi: 10.1016/j.ajcnut.2025.06.013. Epub 2025 Jun 17. PMID: 40553762.
L’obésité est un enjeu majeur de santé publique à l’échelle mondiale. Face aux défis sanitaires et environnementaux liés aux habitudes alimentaires, la Commission EAT-Lancet a élaboré des recommandations pour définir un régime alimentaire planétaire favorisant la santé.
La présente étude vise à examiner l’association entre le régime de référence EAT-Lancet et l’évolution du poids corporel, ainsi que les incidences de surpoids (IMC ≥ 25 kg/m²) et d’obésité (IMC ≥ 30 kg/m²), dans une large cohorte française.
L’étude a analysé les données de 51711 adultes participant à la cohorte française NutriNet-Santé entre 2009 et 2023. L’exposition a été mesurée par le niveau d’adhésion au régime de référence EAT-Lancet, évalué au moyen de l’Indice de Régime EAT-Lancet (ELD-I) développé à l’EREN, classé en quintiles spécifiques au sexe et en tant que variable continue.
La relation entre le ELD-I et l’évolution du poids corporel a été étudiée à l’aide de modèles linéaires mixtes multivariables. Pour les incidences de surpoids et d’obésité, des modèles de Cox à risques proportionnels ont été utilisés.
Au cours du suivi (médiane = 8,7 ans), 4250 personnes ont développé un surpoids et 1604 une obésité. Nous avons observé une association inverse entre le niveau d’adhésion à l’ELD-I et la prise de poids (en kg) (βQ5×temps = -0,18 ; IC à 95 % : -0,20, -0,16 ; p < 0,0001).
Un niveau plus élevé d’adhésion à l’ELD-I était associé à un risque moindre de développer un surpoids (HRQ5 par rapport à Q1 : 0,60 ; IC à 95 % : 0,54, 0,66 ; p-trend < 0,0001) et une obésité (HRQ5 par rapport à Q1 : 0,54 ; IC à 95 % : 0,45, 0,63 ; p-trend < 0,0001) durant le suivi.
Cette étude prospective a montré qu’une adhésion renforcée au régime de référence EAT-Lancet est associée à un poids corporel plus faible et à une réduction des risques de surpoids et d’obésité. Ainsi, promouvoir un régime alimentaire durable riche en produits végétaux, plus respectueux de l’environnement semble être une stratégie efficace pour relever le défi mondial de la santé publique qu’est l’obésité.
Berthy F, Toujgani H, Duquenne P, Fezeu LK, Lairon D, Pointereau P, Touvier M, Hercberg S, Galan P, Allès B, Baudry J, Kesse-Guyot E. Prospective association of the EAT-Lancet reference diet with body weight changes and incidence of overweight and obesity in a French cohort. Am J Clin Nutr. 2025 Aug;122(2):450-459. doi: 10.1016/j.ajcnut.2025.06.013. Epub 2025 Jun 17. PMID: 40553762.
L’obésité est un enjeu majeur de santé publique à l’échelle mondiale. Face aux défis sanitaires et environnementaux liés aux habitudes alimentaires, la Commission EAT-Lancet a élaboré des recommandations pour définir un régime alimentaire planétaire favorisant la santé.
La présente étude vise à examiner l’association entre le régime de référence EAT-Lancet et l’évolution du poids corporel, ainsi que les incidences de surpoids (IMC ≥ 25 kg/m²) et d’obésité (IMC ≥ 30 kg/m²), dans une large cohorte française.
L’étude a analysé les données de 51711 adultes participant à la cohorte française NutriNet-Santé entre 2009 et 2023. L’exposition a été mesurée par le niveau d’adhésion au régime de référence EAT-Lancet, évalué au moyen de l’Indice de Régime EAT-Lancet (ELD-I) développé à l’EREN, classé en quintiles spécifiques au sexe et en tant que variable continue.
La relation entre le ELD-I et l’évolution du poids corporel a été étudiée à l’aide de modèles linéaires mixtes multivariables. Pour les incidences de surpoids et d’obésité, des modèles de Cox à risques proportionnels ont été utilisés.
Au cours du suivi (médiane = 8,7 ans), 4250 personnes ont développé un surpoids et 1604 une obésité. Nous avons observé une association inverse entre le niveau d’adhésion à l’ELD-I et la prise de poids (en kg) (βQ5×temps = -0,18 ; IC à 95 % : -0,20, -0,16 ; p < 0,0001).
Un niveau plus élevé d’adhésion à l’ELD-I était associé à un risque moindre de développer un surpoids (HRQ5 par rapport à Q1 : 0,60 ; IC à 95 % : 0,54, 0,66 ; p-trend < 0,0001) et une obésité (HRQ5 par rapport à Q1 : 0,54 ; IC à 95 % : 0,45, 0,63 ; p-trend < 0,0001) durant le suivi.
Cette étude prospective a montré qu’une adhésion renforcée au régime de référence EAT-Lancet est associée à un poids corporel plus faible et à une réduction des risques de surpoids et d’obésité. Ainsi, promouvoir un régime alimentaire durable riche en produits végétaux, plus respectueux de l’environnement semble être une stratégie efficace pour relever le défi mondial de la santé publique qu’est l’obésité.
Pour être respectueux du climat, les recommandations alimentaires doivent inclure des limites à la consommation totale de viande – en s'inspirant du cas de la France
Publié le 16/09/2025
Emmanuelle Kesse-Guyot, Julia Baudry, Justine Berlivet, Elie Perraud, Chantal Julia, Mathilde Touvier, Benjamin Allès, Denis Lairon, Serge Hercberg, Hélène Fouillet, Philippe Pointereau, François Mariotti
Kesse-Guyot E, Baudry J, Berlivet J, Perraud E, Julia C, Touvier M, Allès B, Lairon D, Hercberg S, Fouillet H, Pointereau P, Mariotti F. To be climate-friendly, food-based dietary guidelines must include limits on total meat consumption - modeling from the case of France. Int J Behav Nutr Phys Act. 2025 Jul 9;22(1):95. doi: 10.1186/s12966-025-01786-9. PMID: 40634968; PMCID: PMC12239361.
Contexte
Bien que les recommandations alimentaires (RA) incluent des seuils limites maximaux pour la consommation de viande, elles n’intègrent généralement pas explicitement des considérations environnementales. Par exemple, en France, les RA recommandent de ne pas consommer plus de 500 g de viande rouge et 150 g de viande transformée par semaine. Cette étude utilise la modélisation sous contraintes pour explorer la gamme d’émissions de gaz à effet de serre (GES) pouvant être atteinte en respectant ces recommandations.
Méthodes
L’étude a analysé des données recueillies en 2014 auprès de 29 413 participants du NutriNet-Santé afin d’évaluer leur conformité aux RA françaises. Les émissions de GES, la demande énergétique cumulative et l’occupation des sols pour les aliments biologiques et conventionnels ont été extraites de la base de données DIALECTE. Dans un premier temps, des régimes alimentaires respectant les références nutritionnelles (couverture des besoins en nutriments), culturellement acceptables et conformes aux RA ont été modélisés en minimisant ou maximisant les émissions de GES. Ensuite, l’éventail des régimes entre le minimum et le maximum d’émissions a été exploré tout en minimisant la déviation totale par rapport au régime observé, avec une contrainte progressive sur les émissions de GES, en conservant les autres contraintes. Des critères environnementaux, économiques (coût monétaire), nutritionnels et de santé (score de risque pour la santé à long terme lié au régime) ont été estimés pour chaque régime.
Résultats
L’adéquation moyenne observée aux RA était faible (19 %, écart-type=25 %) et les émissions de GES s’élevaient en moyenne à 4,34 kgCO2eq/jour (écart-type=2,7 %). Sous contraintes nutritionnelles, d’acceptabilité et de conformité aux RA, la gamme d’émissions de GES des régimes variait de 1,16 à 6,99 kgCO2eq/jour, dépendant jusqu’à environ 85 % du niveau de consommation de viande.
Une tendance similaire a été observée pour la demande en énergie, l’occupation des sols et le score de risque pour la santé, mais les coûts étaient systématiquement plus élevés que dans le régime observé, avec une forme en U.
Une proportion plus importante d’aliments biologiques était présente dans le régime à faibles émissions alors que cette proportion était faible dans le régime riche en viande et à fortes émissions. Pour des régimes iso-énergétiques, celui avec les émissions les plus faibles comportait davantage de légumes, de produits céréaliers complets et d’analogues végétaux.
Conclusions
Alors que les recommandations alimentaires françaises contribuent, en moyenne, à atténuer le changement climatique et à promouvoir la santé, cette étude met en évidence des leviers dans la consommation alimentaire recommandée pour réduire plus efficacement les émissions de GES des régimes et souligne que la viande totale constitue un enjeu crucial pour mieux prendre en compte la pression exercée sur le climat. D’autres pressions environnementales devraient également être considérées lors de l’élaboration des recommandations alimentaires.
Points forts :
Kesse-Guyot E, Baudry J, Berlivet J, Perraud E, Julia C, Touvier M, Allès B, Lairon D, Hercberg S, Fouillet H, Pointereau P, Mariotti F. To be climate-friendly, food-based dietary guidelines must include limits on total meat consumption - modeling from the case of France. Int J Behav Nutr Phys Act. 2025 Jul 9;22(1):95. doi: 10.1186/s12966-025-01786-9. PMID: 40634968; PMCID: PMC12239361.
Contexte
Bien que les recommandations alimentaires (RA) incluent des seuils limites maximaux pour la consommation de viande, elles n’intègrent généralement pas explicitement des considérations environnementales. Par exemple, en France, les RA recommandent de ne pas consommer plus de 500 g de viande rouge et 150 g de viande transformée par semaine. Cette étude utilise la modélisation sous contraintes pour explorer la gamme d’émissions de gaz à effet de serre (GES) pouvant être atteinte en respectant ces recommandations.
Méthodes
L’étude a analysé des données recueillies en 2014 auprès de 29 413 participants du NutriNet-Santé afin d’évaluer leur conformité aux RA françaises. Les émissions de GES, la demande énergétique cumulative et l’occupation des sols pour les aliments biologiques et conventionnels ont été extraites de la base de données DIALECTE. Dans un premier temps, des régimes alimentaires respectant les références nutritionnelles (couverture des besoins en nutriments), culturellement acceptables et conformes aux RA ont été modélisés en minimisant ou maximisant les émissions de GES. Ensuite, l’éventail des régimes entre le minimum et le maximum d’émissions a été exploré tout en minimisant la déviation totale par rapport au régime observé, avec une contrainte progressive sur les émissions de GES, en conservant les autres contraintes. Des critères environnementaux, économiques (coût monétaire), nutritionnels et de santé (score de risque pour la santé à long terme lié au régime) ont été estimés pour chaque régime.
Résultats
L’adéquation moyenne observée aux RA était faible (19 %, écart-type=25 %) et les émissions de GES s’élevaient en moyenne à 4,34 kgCO2eq/jour (écart-type=2,7 %). Sous contraintes nutritionnelles, d’acceptabilité et de conformité aux RA, la gamme d’émissions de GES des régimes variait de 1,16 à 6,99 kgCO2eq/jour, dépendant jusqu’à environ 85 % du niveau de consommation de viande.
Une tendance similaire a été observée pour la demande en énergie, l’occupation des sols et le score de risque pour la santé, mais les coûts étaient systématiquement plus élevés que dans le régime observé, avec une forme en U.
Une proportion plus importante d’aliments biologiques était présente dans le régime à faibles émissions alors que cette proportion était faible dans le régime riche en viande et à fortes émissions. Pour des régimes iso-énergétiques, celui avec les émissions les plus faibles comportait davantage de légumes, de produits céréaliers complets et d’analogues végétaux.
Conclusions
Alors que les recommandations alimentaires françaises contribuent, en moyenne, à atténuer le changement climatique et à promouvoir la santé, cette étude met en évidence des leviers dans la consommation alimentaire recommandée pour réduire plus efficacement les émissions de GES des régimes et souligne que la viande totale constitue un enjeu crucial pour mieux prendre en compte la pression exercée sur le climat. D’autres pressions environnementales devraient également être considérées lors de l’élaboration des recommandations alimentaires.
Points forts :
- La moyenne des émissions de gaz à effet de serre des régimes observés était de 4,34 kgCO2eq/j (écart-type = 2,70), avec une consommation énergétique de 2080 Kcal/j.
- Le régime qui se rapprochait le plus du régime observé, tout en respectant les contraintes nutritionnelles et d’acceptabilité, avait des émissions de 5,15 kgCO2eq/j.
- Les régimes modélisés respectant les recommandations alimentaires ainsi que les contraintes nutritionnelles et d’acceptabilité avaient des émissions comprises entre 1,16 kgCO2eq/j et 6,99 kgCO2eq/j.
- Tous les régimes modélisés présentaient une consommation accrue de fruits, d’huiles végétales, de légumineuses et de produits à base de grains entiers.
- Les régimes minimisant et maximisant les émissions de gaz à effet de serre, ainsi que la gamme de régimes intermédiaires, différaient notamment par leur consommation de bœuf/agneau, de céréales raffinées, de fruits, de porc et de produits de snacking.
- La quantité de viande, en particulier de bœuf/agneau, expliquait la majeure partie (jusqu’à environ 85 %) de la différence d’émissions de gaz à effet de serre entre les modèles.
- La consommation totale de viande diminuait progressivement dans les modèles imposant une réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Alimentation à base de végétaux, légumineuses et prévalence des facteurs de risque cardiométaboliques dans la cohorte NutriNet-Santé
Publié le 18/08/2025
Fie Langmann, Clémentine Prioux, Mathilde Touvier, Emmanuelle Kesse-Guyot, Léopold K Fezeu, Julia Baudry, Christina C Dahm, Benjamin Allès
Langmann F, Prioux C, Touvier M, Kesse-Guyot E, Fezeu LK, Baudry J, Dahm CC, Allès B. Plant-based diets, legumes, and prevalence of cardiometabolic risk factors in the NutriNet-Santé cohort. Eur J Nutr. 2025 May 30;64(5):193. doi: 10.1007/s00394-025-03722-w. PMID: 40445244.
Les légumineuses sont des aliments riches en protéines, bénéfiques pour la santé et à faible impact environnemental. Cette étude a examiné les associations entre la consommation de légumineuses, isolément ou dans le cadre de régimes alimentaires à base de végétaux, et les facteurs de risque cardiométaboliques.
Cette étude transversale a utilisé un sous-échantillon de la cohorte NutriNet-Santé ayant complété trois enregistrements alimentaires de 24 heures à l’inscription et ayant bénéficié d’examens cliniques et biologiques. Les associations entre la consommation de légumineuses et un faible taux de cholestérol HDL (dit « bon » cholestérol »), un tour de taille élevé, une pression artérielle élevée, une glycémie élevée, des triglycérides sériques élevés, un cholestérol total ou un cholestérol LDL (dit « mauvais » cholestérol) élevé ont été estimées par des modèles statistiques. Ces derniers tenaient compte de nombreuses caractéristiques sociodémographiques, de mode de vie mais aussi des antécédents familiaux. Les associations avec deux indicateurs reflétant des régimes alimentaires à base de végétaux favorables ou moins favorables à la santé ont été étudiées selon deux groupes séparant les plus fortes consommatrices et forts consommateurs d’aliments ultra-transformés, et deux groupes de genre.
Une consommation élevée de légumineuses, comparée à une faible consommation, n’était pas significativement associée à la probabilité de présenter un faible taux de cholestérol HDL, un tour de taille élevé, une pression artérielle élevée, une glycémie élevée, un taux de triglycérides élevés, de cholestérol total ou de cholestérol LDL. En revanche, l’adhésion à un régime alimentaire favorable à la santé à base de végétaux était associée à une plus faible probabilité de présenter tous les facteurs de risque évoqués précédemment. Les associations n’étaient pas modifiées par la consommation d’aliments ultra-transformés ni par le sexe.
Les régimes alimentaires riches en légumineuses, céréales complètes, fruits, légumes et fruits à coque étaient associés à une plus faible probabilité de présenter des facteurs de risque cardiométaboliques, alors que la consommation de légumineuses prise isolément ne l’était pas. Le niveau de consommation de légumineuses reste relativement bas dans ce sous-échantillon de la cohorte NutriNet-Santé, ce qui rend complexe l’observation de potentiels effets bénéfiques sur la santé. Enfin, ces travaux appuient l’importance de considérer l’alimentation dans son ensemble pour étudier les liens nutrition et facteurs de risques cardiométaboliques.
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