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Association prospective entre exposition alimentaire aux pesticides et risque de cancer du sein post-ménopause dans la cohorte NutriNet-Santé

Publié le 29/07/2021
Int J Epidemiol. 2021 Mar 15:dyab015. doi: 10.1093/ije/dyab015. Epub ahead of print. PMID: 33720364.
Rebouillat P, Vidal R, Cravedi JP, Taupier-Letage B, Debrauwer L, Gamet- Payrastre L, Touvier M, Deschasaux-Tanguy M, Latino-Martel P, Hercberg S, Lairon D, Baudry J, Kesse-Guyot E.

Contexte : Certains pesticides, utilisés actuellement en Europe en grandes quantités, sont suspectés d’effets délétères sur la santé humaine reproductive (cancers du sein et de la prostate). Les mécanismes en cause seraient des mécanismes de perturbation endocrinienne et des propriétés de carcinogenèse, comme cela a déjà été observé dans des populations d’agriculteurs. Cependant, l’exposition aux pesticides en lien avec le cancer du sein dans la population générale reste peu étudiée. L’objectif de cette étude était d’évaluer les associations entre l’exposition alimentaire aux pesticides et le risque de cancer du sein post-ménopause au sein de la cohorte NutriNet-Santé. 

Méthodes : En 2014, les participantes de la cohorte ont répondu à un fréquentiel alimentaire permettant d’évaluer la consommation d’aliments biologiques et conventionnels. Les expositions à 25 substances actives entrant dans la composition de pesticides utilisés en Union Européenne ont été calculées grâce à une base de données de contamination du CVUA Stuttgart. La Factorisation par Matrices non-Négatives (NMF), méthode particulièrement adaptée pour des données de contamination, a permis d’établir des profils d’exposition aux pesticides.  Des modèles de Cox, ajustés sur les facteurs de confusion majeurs, ont été ensuite utilisés pour analyser ces profils, préalablement divisés en quintiles.

Résultats : 13 149 femmes ménopausées ont été incluses dans l’analyse (169 cas de cancers, durée de suivi médian = 4.83 années). Une association entre le profil NMF 3, caractérisé par une exposition faible à la plupart des pesticides de synthèse et une augmentation du risque de cancer du sein post-ménopause a été mise en évidence (HRQ5 = 0,57 ; IC 95 % (0,34 ; 0,93), p-tendance = 0,006). Une association entre le profil NMF 1, caractérisé par une exposition élevée aux chlorpyriphos, imazalil, malathion et thiabendazole, et une augmentation du risque de cancer du sein spécifiquement chez les femmes en surpoids ou obèses a également été observée (HRQ5 = 4,13 ; IC 95 % (1,50 ; 11,44), p-tendance = 0,006).  Les autres profils n’étaient pas associés significativement au risque de cancer du sein post-ménopause.

Conclusion : Ces associations suggèrent un rôle potentiel de l’exposition alimentaire aux pesticides dans la survenue de cancers du sein post-ménopause. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour éclaircir les mécanismes en cause et confirmer ces résultats dans d’autres populations. 

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33720364/

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Alimentation et activité physique pendant le premier confinement lié au COVID-19 en France (Mars-Mai 2020) : résultats de la cohorte NutriNet-Santé

Publié le 29/07/2021
Am J Clin Nutr. 2021 Apr 6;113(4):924-938.
Deschasaux-Tanguy M, Druesne-Pecollo N, Esseddik Y, de Edelenyi FS, Allès B, Andreeva VA, Baudry J, Charreire H, Deschamps V, Egnell M, Fezeu LK, Galan P, Julia C, Kesse-Guyot E, Latino-Martel P, Oppert JM, Péneau S, Verdot C, Hercberg S, Touvier M.

Contexte et but de l’étude : Afin de contrer l’épidémie de COVID-19 et éviter la saturation des systèmes de santé ainsi que de nombreux décès, des mesures strictes de confinement ont été adoptées par de nombreux pays au printemps 2020, entrainant des perturbations inédites de la vie quotidienne. L’objectif de notre étude était d’étudier les modifications d’alimentation, d’activité physique, de poids et d’approvisionnement alimentaire intervenues au cours du premier confinement en France (Mars-Mai 2020), et de faire le lien entre ces modifications et les caractéristiques individuelles des participants.

Méthodes : 37 252 adultes participant à la cohorte NutriNet-Santé ont rempli des questionnaires portant spécifiquement sur le confinement. Les modifications nutritionnelles (alimentation, activité physique, poids) ont été étudiées en lien avec les caractéristiques sociodémographiques et de mode de vie des participants en utilisant des modèles de régression logistique ajustés sur de nombreux facteurs. Des groupes similaires de participants ont été définis par classification hiérarchique ascendante à partir de profils de modifications nutritionnelles dérivés d’une analyse des correspondances multiples.

Résultats : Pendant le confinement, une tendance à des modifications nutritionnelles défavorables ont été observées : diminution de l’activité physique (pour 53% des participants), augmentation de la sédentarité c’est-à-dire du temps passé assis (pour 63% des participants), augmentation du grignotage, diminution de la consommation de produits frais (en particulier de fruits et de poisson) et augmentation de la consommation de sucreries, biscuits et gâteaux. Cependant, nous avons également observé des tendances inverses avec des modifications nutritionnelles plus favorables comme par exemple l’augmentation du temps passé à cuisiner (pour 40% des participants) ou l’augmentation de l’activité physique (pour 19% des participants. Ces tendances contraires e retrouvent pour le poids puisque 35% des participants ont pris du poids pendant le premier confinement (avec une prise de poids de 1.8kg (écart-type : 1.3) en moyenne chez ces participants) quand 23% des participants en ont perdu (avec une perte de poids de 2kg (écart-type : 1.4) en moyenne chez ces participants). Ces modifications favorables ou défavorables étaient le plus souvent retrouvées chez les mêmes personnes et étaient associées aux caractéristiques sociodémographiques et de mode de vie. Un profil de modifications défavorables a ainsi été observé plus souvent chez des femmes, avec de plus faibles revenus, des enfants à la maison, un plus haut niveau d’anxiété ou de symptômes dépressifs et une plus grande part d’aliments ultra-transformés dans l’alimentation avant le confinement. Au contraire, un profil de modifications favorable a été observé chez des participants avec un plus haut niveau d’éducation et de revenus, en télétravail ou chômage partiel pendant le confinement, avec un plus haut niveau d’anxiété mais un plus faible niveau de symptômes dépressifs et une qualité nutritionnelle de l’alimentation plus faible avant le confinement. Enfin un profil de stabilité était observé plus souvent chez des participants plus âgés, de poids normal, vivant dans des villes petites à moyennes ou à la campagne, ayant continué à travailler en dehors du domicile pendant le confinement ou sans activité professionnelle avant le confinement, avec un plus faible niveau d’anxiété et de symptômes dépressifs et une plus grande qualité de l’alimentation avant le confinement (meilleure qualité nutritionnelle et plus faible part d’aliments ultra-transformés).

Conclusions : Ces résultats suggèrent que des modifications nutritionnelles, à la fois favorables et défavorables, ont eu lieu pendant le confinement et que ces modifications dépendaient des caractéristiques individuelles des individus, notamment sociodémographiques et de mode de vie. Les modifications défavorables observées devraient être prises en compte pour informer les futures décisions de confinement et suivies pour suivre leur évolution dans le but de prévenir une potentielle augmentation des maladies chroniques liées à la nutrition dans le futur.

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33675635/

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Essai contrôlé randomisé en supermarché expérimental en ligne testant les effets de l'étiquetage en face avant des emballages sur les intentions d'achat de produits alimentaires dans une population à faible revenu

Publié le 29/07/2021
BMJ Open. 2021 Feb 8;11(2):e041196.
Egnell M, Boutron I, Péneau S, Ducrot P, Touvier M, Galan P, Buscail C, Porcher R, Ravaud P, Hercberg S, Kesse-Guyot E, Julia C.

Contexte : Le Nutri-Score, un étiquetage nutritionnel en face avant des emballages, a été adopté en 2017 en France mais son impact sur les populations à faible revenu est peu connu, alors même qu’elles sont plus à risque d'avoir une alimentation moins favorable à la santé. Cette étude a évalué les effets du Nutri-Score sur la qualité nutritionnelle des intentions d'achat chez les personnes à faible revenu, par rapport à la situation actuelle de l'étiquetage en France : apports de référence (AR) et absence d'étiquetage, à l'aide d'un essai contrôlé randomisé à trois bras en groupes parallèles.

Méthodes : Des adultes actifs à faibles revenus de la cohorte NutriNet-Santé (revenu du ménage inférieur à 1200 €/mois) ont été invités à une simulation d’achats dans un supermarché en ligne expérimental après avoir été randomisés dans l'une des trois conditions (Nutri-Score, AR ou absence d'étiquetage). Le résultat principal était la qualité nutritionnelle globale du panier d'achat virtuel, évaluée à l'aide du profil nutritionnel des aliments de la Food Standards Agency modifié en France par le HCSP (FSAm-NPS), et les résultats secondaires étaient la teneur en nutriments des paniers d'achat. 524 sujets ont été randomisés et 336 ont été inclus dans les analyses.

Résultats : Le Nutri-Score était associé à une qualité nutritionnelle globale du panier d’achat plus élevée, reflétée par un score FSAm-NPS (1,86 (SD 3,59) points) significativement inférieur (reflétant une meilleure qualité nutritionnelle) aux AR (3,21 (SD 4,14) points, p≤0,05) mais pas significativement inférieur à l'absence d'étiquetage en face avant (2,60 (SD 3,09) points, p=0,3). Le Nutri-Score a également entraîné des teneurs en calories et en acides gras saturés significativement plus faibles dans le panier d'achat, par rapport aux AR uniquement (p ≤ 0,05).

Conclusion : La mise en œuvre de l'étiquetage nutritionnel Nutri-Score en face avant des emballages, adopté en France et dans différents pays européens, semble avoir le potentiel d'encourager les intentions d'achat d'aliments de meilleure qualité nutritionnelle chez les personnes à faibles revenus, par rapport à l'étiquetage AR promu par les industriels de l’agro-alimentaire.

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33558350/

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Association prospective entre adhérence aux recommandations alimentaires françaises et le risque de diabète de type 2

Publié le 29/07/2021
Nutrition. 2021;84:111107.
Kesse-Guyot E, Chaltiel D, Fezeu LK, Baudry J, Druesne-Pecollo N, Galan P, Deschamps V, Touvier M, Julia C, Hercberg S.

Objectif : Les recommandations alimentaires françaises basées sur les groupes d’aliments (FBDG, pour food-based dietary guidelines) ont été mises à jour en 2017 par le Haut Conseil de la Santé Publique. La valeur prédictive sur les indicateurs de santé est une étape importante pour quantifier les bénéfices de telles recommandations.
L'objectif de cette étude prospective était d'estimer les associations entre le PNNS-GS2 (Programme National Nutrition Santé - guidelines score 2), reflétant le niveau d'adhérence aux FBDG 2017, et le risque de diabète de type 2 (T2D).

Méthodes : Un échantillon de 79 205 participants adultes français (âge moyen : 41,5 ans (SD=14,5) 78,5 % de femmes, 65 % diplômés de l'enseignement supérieur) de la cohorte NutriNet-Santé a été sélectionné (2009-2019). 
Les apports alimentaires ont été recueillis à l'aide d'enregistrements alimentaires répétés sur 24 heures. Le PNNS-GS2 (distribution théorique : -∞ à 14,25), comprenant 6 composantes d'adéquation et 7 composantes de modération ainsi qu'une pénalité sur les apports énergétiques, a été calculé. Les différentes composantes sont pondérées en fonction du niveau de preuve des associations avec la santé.
L'association entre le PNNS-GS2 (sous forme de quintiles (Q)) et le risque de DT2 a été estimée à l'aide de modèles à risques proportionnels de Cox multivariables tenant compte des facteurs sociodémographiques, anthropométriques, liés au mode de vie et à la santé afin de fournier des hazard ratio et les intervalles de confiance à 95 % correspondant. Des analyses de médiation par l’indice de masse corporelle ont été réalisées.

Résultats : Au cours d'un suivi moyen de 6,7 ans (soit 536 679 personnes-années), 676 cas de DT2 ont été recensés. Dans le modèle multivariables, les participants présentant un PNNS-GS2 élevé (plus grande adhérence aux FBDG 2017, Q5), par rapport à ceux ayant un PNNS-GS2 faible (adhérence basse aux FBDG 2017, Q1), présentaient une réduction de 49 % du risque de DT2 (HRQ5 vs Q1 : 0,51, IC 95 % : 0,37, 0,69). L'indice de masse corporelle expliquait jusqu'à 27 % de l’association. Les profils plus sains des participants à la cohorte comparés à la population générale ont probablement réduit la puissance statistique et sous-estimée l’association.

Conclusion : Dans cette vaste étude de cohorte prospective, une plus grande adhérence aux recommandations alimentaires françaises de 2017 était fortement et inversement associée au risque de développer un diabète de type 2. Cette analyse devrait être confirmée dans d'autres contextes mais en termes de santé publique et de politique nutritionnelle, cette étude soutient la pertinence des recommandations alimentaires françaises 2017.

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33454528/

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Développement et évaluation d’un indice de sécurité nutritionnelle combinant des estimations probabilistes de risques de carences

Publié le 28/12/2020
Br J Nutr. 2020 Dec 18:1-34
Salomé M, Kesse-Guyot E, Fouillet H, Touvier M, Hercberg S, Huneau JF, Mariotti F.

Introduction et but de l’étude : Il existe de nombreux indices de qualité de l’alimentation évaluant l’adhérence aux repères alimentaires, aux références nutritionnelles ou à certains régimes de référence. En revanche, il n’existe pas d’indice évaluant le risque de carence alors que 2 milliards d’individus dans le monde souffrent de carences en micronutriments. L’objectif de cette étude était de développer un indice, le SecDiet, permettant d’évaluer la sécurité nutritionnelle par l’estimation du risque de carences et d’évaluer sa validité apparente.

Matériels et méthodes : Le SecDiet repose sur les apports en 12 nutriments pour lesquels des manifestations cliniques de carences dues à des insuffisances d’apports sont décrites dans la population générale adulte : vitamines A, B1, B2, B3, B9, B12, C, iode, sélénium, zinc, fer, calcium. Pour chacun de ces nutriments, sur la base de la littérature scientifique, un seuil correspondant à l’apport en dessous duquel le risque de carence n’est pas nul a été défini. Le SecDiet agrège les probabilités que l’apport soit supérieur au seuil de carence pour chaque nutriment, et varie de 0 à 1 (1 quand les apports sont suffisants pour éviter toute carence chez un adulte sain). La validité du SecDiet a été évaluée dans deux populations d’étude indépendantes : INCA3 (n=1.774) et NutriNet-Santé (n=104.382). Les associations ont été évaluées entre le score et ses différentes composantes ainsi que des variables sociodémographiques connues pour être d’importants déterminants d’apports faibles en micronutriments. Le comportement du SecDiet a été comparé à celui du PANDiet, un score de qualité globale de l’alimentation de construction similaire mais fondé sur les références nutritionnelles.

Résultats et analyse statistique : Le SecDiet est élevé dans les deux populations d’étude (0,93±0,09 dans INCA3 et 0,96±0,06 dans NutriNet-Santé) indiquant un faible risque de carence au global. Le SecDiet est corrélé à chacune de ses composantes (r=+0,17 à r=+0,78, Ps<0,001), validant qu’aucune carence n’est inutilement considérée. Le SecDiet est associé au revenu du ménage (P=0,002) à l’auto-perception de la situation financière, à la situation professionnelle et aux statuts d’insécurité et d’insuffisance alimentaires (Ps<0,001) dans INCA3 et au revenu du ménage et à la situation professionnelle (Ps<0,001) dans NutriNet-Santé. Dans les populations connues comme étant les plus à risque de carence, le SecDiet présente, contrairement au PANDiet, une distorsion de sa distribution vers la gauche, avec une fraction de la population ayant un SecDiet très bas. Dans NutriNet-Santé, les individus avec un faible SecDiet ont été identifiés (1er décile et 1er centile du SecDiet) et sont plus souvent des femmes, ont moins de 30 ans, sont célibataires et ont un faible revenu (comparé aux individus avec un SecDiet plus élevé, Ps<0,001).

Conclusion : Par rapport aux indices existants, le SecDiet est un nouvel outil permettant d’estimer le risque de carence et qui est sensible aux situations socioéconomiques associées au risque d’insécurité nutritionnelle. Il pourrait être utilisé pour identifier dans de vastes cohortes les individus en insécurité nutritionnelle ou pour étudier les risques nutritionnels associés à des changements de régimes alimentaires.

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33334384/

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