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Exposition alimentaire à l’acrylamide et risque de cancer du sein : Résultats de l’étude NutriNet-Santé

Publié le 14/11/2022
Alice Bellicha, Gaëlle Wendeu-Foyet, Xavier Coumoul, Meriem Koual, Fabrice Pierre, Françoise Guéraud, Laurent Zelek, Charlotte Debras, Bernard Srour, Laury Sellem, Emmanuelle Kesse-Guyot, Chantal Julia, Pilar Galan, Serge Hercberg, Mélanie Deschasaux-Tanguy, Mathilde Touvier

Lien Pubmed : https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/36055962/

Introduction : L’acrylamide fait partie des contaminants alimentaires dits « néoformés », c’est-à-dire qui se forment au cours de la préparation ou de la cuisson des aliments. Lorsqu’il a été classé comme probablement cancérigène en 1994 par le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC), l’acrylamide était connu pour être présent dans le tabac et dans de nombreux composés industriels. L’inquiétude était donc grande dans la communauté scientifique lorsque des chercheurs Suédois ont découvert en 2002 sa présence dans certains aliments. Depuis, les données épidémiologiques n’ont pas montré de résultats probants permettant de déterminer si la quantité d’acrylamide présent dans l’alimentation est associée au risque de cancer.

Objectif et méthodes : Cette étude avait pour objectif d’analyser les associations entre l’apport alimentaire en acrylamide et le risque de cancer du sein dans la cohorte prospective NutriNet-Santé. Cette étude a inclus 80 597 femmes (âge moyen : 40,8 ans) sans antécédents personnels de cancer, et qui ont été suivies pendant 8,8 ans en moyenne. La quantité d’acrylamide présent dans leur alimentation a été déterminée par l’analyse détaillée des consommations alimentaires. Pour évaluer l’association entre l’acrylamide alimentaire et le risque de cancer du sein, nous avons utilisé le modèle statistique de Cox qui tenait compte de nombreux facteurs de santé et de mode de vie.

Résultats : L’apport alimentaire moyen en acrylamide atteignait 30,4 µg/j. Il provenait principalement du café, des frites et chips de pomme de terre, des biscuits et pâtisseries, puis du pain. Pendant le suivi, un cancer du sein a été diagnostiqué chez 1 016 femmes, dont 431 avant la ménopause, et 585 après. Nous avons observé une association positive entre la quantité d’acrylamide dans le régime et le risque de cancer du sein, notamment chez les femmes pré-ménopausées (rapport des risques entre les personnes avec l’apport en acrylamide le plus élevé et le plus faible : 1,40 [IC 95% : 1,04-1,88]).

Conclusion : Ces résultats suggèrent un risque de cancer du sein augmenté chez les femmes exposées à d’importantes quantités d’acrylamide alimentaire. En parallèle des actions qui peuvent être mises en place sur le plan réglementaire pour limiter la quantité d’acrylamide dans les aliments industriels, il est possible d’agir à l’échelle individuelle. L’Autorité Européenne de Sécurité des Aliments préconise ainsi des mesures simples, comme respecter le temps de cuisson des frites (éviter une coloration trop prononcée) et réduire le temps de grillage du pain.

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